Pourquoi jouer aux échecs ?

Pourquoi jouer aux échecs ?

« Les échecs sont un jeu par leur forme, un art par leur essence et une science par sa difficulté d’acquisition. Ils peuvent vous procurer autant de plaisir qu’un bon livre ou une belle musique, mais vous n’aurez une réelle joie que si vous arrivez à bien jouer. »

Tigran Petrossian (1929-1984), joueur d’échecs soviétique, champion du monde d’échecs de 1963 à 1969

Pourquoi jouer aux échecs  ? Pourquoi apprendre les échecs aux enfants ?
Voilà deux bonnes questions !
Pour s’amuser bien sûr ! … Mais pas seulement !

Le jeu d’échecs est réputé pour développer, chez les enfants qui le pratiquent, la concentration, la mémoire, le raisonnement logique, la stratégie, la rigueur et la capacité d’abstraction qui sont dans leur ensemble des facteurs de réussite scolaire et sociale. Les résultats d’études sur le jeu d’échecs et ses apports bénéfiques sont spectaculaires.

Des études spectaculaires

Michel Noir, ancien maire de la ville de Lyon et grand amateur d’échecs, a par exemple montré dans sa thèse soutenue en 2002, que des enfants ayant suivi un cours d’échecs pendant deux ans ont amélioré :

  • leur concentration de 50 %
  • leur mémoire de 22 %
  • leur logique de 32 %

Ces chiffres font rêver tous les parents !

Une amélioration des capacités de concentration

On imagine aisément les bienfaits du jeu d’échecs sur l’amélioration de la capacité de concentration, surtout en ayant conscience que celle-ci se développe par l’entraînement régulier. Résoudre un problème d’échecs ressemble à un défi ou une énigme. Cet aspect ludique du jeu est très motivant et favorise le développement de l’attention.

Il faut rappeler que la durée de concentration moyenne des enfants devant les écrans n’est que de 45 secondes, alors qu’ils y passent environ 5 à 7 heures par jour ! La pratique régulière des échecs, permet de rediriger une partie de leur temps de loisir vers une activité cérébrale moins passive, en entraînant leur patience et leur capacité de concentration par le jeu. Ainsi le syndrome de « zapping » tant décrié aujourd’hui est combattu par l’exercice renouvelé et à chaque fois un peu plus poussé d’une réflexion continue.

Une mémoire mieux organisée

Le pédagogue et psychologue français Alfred Binet s’est demandé un jour, en voyant des joueurs d’échecs jouer à l’aveugle (sans regarder un échiquier), comment ils pouvaient retenir toutes les informations nécessaires pour jouer leur partie. Une étude approfondie datant de 1894 a montré qu’ils n’étaient pas plus intelligents que la moyenne. Il s’est avéré que leur mémoire est simplement mieux organisée. Ils parviennent à stocker les informations de façon plus intelligente, ce qui leur permet notamment de les retrouver et de les utiliser plus facilement.

La mémoire de travail, appelée également mémoire à court terme, est améliorée par le jeu d’échecs. En fait, plus on l’utilise, plus on l’améliore.

Mais bien-sûr, la mémoire à long terme est également fortement sollicitée. Pour mener à bien une partie d’échecs, les joueurs doivent être capables de maîtriser les règles du jeu officielles. Il doivent savoir bouger les pièces et se rappeler de la portée de chacune d’elles, connaître la notation des coups, identifier et mémoriser les différentes ouvertures, reconnaître des schémas tactiques, se souvenir de concepts stratégiques, se rappeler de parties modèles, comprendre le vocabulaire correspondant et même apprendre les règles d’organisation des rencontres et des tournois.

Un développement de l’esprit logique

Le jeu d’échecs améliore l’esprit logique parce qu’un problème d’échecs s’aborde comme un problème de mathématiques. Il faut analyser les données et structurer sa pensée pour élaborer un plan d’action. « Observation, analyse, hypothèses, vérification, planification, probabilité et calcul des variantes, analyse des conséquences, toute la chaîne méthodologique est présente dans ce jeu » écrit Michel Noir dans l’introduction de sa thèse de doctorat de sciences de l’éducation en 2002 « Le développement des habiletés cognitives de l’enfant par la pratique du jeu d’échecs ».

Un jeu complet au service de l’apprentissage et du développement personnel

Notons également que le jeu d’échecs est un jeu extrêmement complet qui touche des domaines très variés. Savoir gérer son temps, être créatif, planifier et anticiper font aussi partie des compétences d’un bon joueur d’échecs.

Il permet également d’installer un environnement favorable au développement d’aptitudes et d’attitudes intellectuelles propices à l’acquisition des compétences de la vie en société. Il développe la maîtrise de soi dans une situation d’opposition à un autre joueur, le respect des règles et de l’adversaire, ainsi que les compétences d’initiative et d’autonomie.

« Le jeu d’Échecs est une activité à la fois intellectuelle, ludique et sportive, qui permet de développer des compétences diverses chez ceux qui le pratiquent, notamment des capacités intellectuelles telles que la mémoire, le raisonnement logique, la capacité d’abstraction, l’analyse de problème et la mise en œuvre de stratégies de résolution. Le jeu d’échecs s’apprend et se pratique dès le plus jeune âge. »

Extrait de l’avenant à la convention cadre MENJS/FFE relatif au lancement de l’opération Class’Échecs

L’enseignement du jeu d’échecs aux enfants

À l’école maternelle

L’initiation du jeu d’échecs peut s’envisager dès l’école maternelle.

« Le jeu d’échecs, s’il permet aux élèves de maternelle certaines capacités intellectuelles, porte aussi en lui quelques valeurs pédagogiques sur le plan du caractère, ainsi que sur le plan social, véhiculant des valeurs et des principes nécessaires à la vie en société. […] Le jeu d’échecs participe à la structuration et a la maîtrise du caractère en favorisant le développement de la volonté de réussir et d’atteindre un objectif fixé. Sur le plan intellectuel, le jeu d’échecs favorise le développement de la mémoire, la concentration, la pensée logique, l’imagination et la créativité, l’indépendance et la prise de décisions, l’anticipation, la motivation personnelle, la patience, le contrôle de soi… […] Rappelons certains éléments du programme : maîtrise du langage, apprentissage du vivre-ensemble et de ses règles, découverte des nombres et des formes géométriques, découverte et compréhension de l’espace et du temps, éducation artistique. Le jeu d’échecs, par ses possibilités interdisciplinaires, est un support remarquablement adapté à l’approche de tous ces éléments. »
Extrait de l’article « L’initiation au Jeu d’Échecs à l’école maternelle » édité par la FFE.

À l’école primaire

A l’école primaire le jeu d’échecs permet d’installer un environnement favorable à l’apprentissage sous une forme ludique. L’acquisition des compétences en mathématiques et en sciences, tout en développant l’autonomie et l’initiative, s’en trouve ainsi facilitée.

Le jeu d’échecs entraîne les capacités de repérage spatial sur l’échiquier et ses représentations graphiques. Il favorise l’utilisation d’un vocabulaire géométrique précis ainsi qu’une syntaxe logique. L’élève apprend à utiliser différents types de codage permettant de noter un coup ou un moment déterminant dans une partie. 

La démarche du jeu par essais et erreurs, par la recherche de causalité, d’équivalence et de temporalité vient compléter les enseignements mathématiques et scientifiques principalement en matière de résolution de problèmes.

La pratique du jeu d’échecs développe la maîtrise de soi dans la situation d’opposition à un autre joueur, la mise en œuvre de stratégies, la prise de décision, le respect des règles et le respect de l’adversaire, les compétences civiques, ainsi que des compétences d’initiative et d’autonomie.

Dans l’enseignement secondaire

La pratique des échecs participe au développement de capacités intellectuelles telles que le raisonnement logique, l’analyse de problèmes et la mise en œuvre de stratégies de résolution. Bénéfique au travail de mémorisation et de concentration, elle développe également le sens de la planification et la créativité des élèves.

Dans le cadre de l’enseignement des mathématiques, le jeu d’échecs peut contribuer à assimiler les notions de repérage en classe de sixième, de puissance en classe de quatrième ou encore de translation en classe de seconde.

Article « Jeu d’Échecs – Projet d’accompagnement éducatif au collège et dans les écoles élémentaires » édité par la FFE.

Des apports concrets dans de nombreux domaines

Mathématiques et logique

Compter les cases, l’influence des pièces sur celles-ci, estimer la valeur des pièces prises ou échangées en faisant un peu d’algèbre, observer une position et l’analyser, envisager des probabilités, calculer des variantes, compter le nombre de coups pour arriver à une position donnée ou faire des hypothèses puis les vérifier en calculant les conséquences des coups choisis, sont toutes des démarches entrant dans le domaine des mathématiques et de la logique. Plus on les maîtrise, plus on progresse sur l’échiquier ! Et donc inversement, mieux on joue, plus on progresse en mathématiques et en logique !

Orientation spatiale et géométrie

Colonnes et rangées, lignes horizontales, verticales et diagonales, quadrillage, points d’intersection et coordonnées d’une case sont autant de notions dont l’acquisition se fait en jouant pour appréhender la rationalisation de l’espace. Jouer aux échecs permet d’expérimenter la géométrie de façon ludique !

Représentation et abstraction

Le passage de l’échiquier en bois à une représentation graphique (sur le support papier ou sur le tableau du professeur), ou une notation alphanumérique, oblige l’enfant à expérimenter différentes formes de représentation et divers degrés d’abstraction. 

Capacité de jugement

Jouer aux échecs nécessite en permanence de juger la valeur de ses coups. Est-ce que le coup que l’on s’apprête à jouer est bon ou mauvais ? Est-ce le meilleur coup ou n’est-ce qu’une grosse gaffe ? Chaque coup de l’adversaire doit également être évalué, tout comme la position favorable ou défavorable des pièces sur l’échiquier.

Les échecs obligent à se remettre constamment en question. Mais il faut aussi savoir trancher… Doit-on jouer de manière agressive ou privilégier un jeu défensif ? Pour gagner, il faut trouver le juste équilibre entre initiative et prudence.

Prise de décision

Devant un échiquier, le joueur est le seul maître à bord. Il doit jouer et ne peut compter que sur lui-même pour prendre ses décisions, sans aide extérieure !

Le jeu d’échecs entraîne les enfants à choisir leurs coups dans un temps limité, en analysant les avantages et les inconvénients des différents choix possibles.

Anticipation

Lorsque l’on joue aux échecs, il faut élaborer une stratégie, il faut concevoir un plan d’action ! Cela nécessite d’apprendre à se projeter et à prévoir. Il faut savoir organiser ses propres pièces pour mener une attaque. Mais en même temps, il faut deviner, repérer et déjouer les projets de l’adversaire. Une partie d’échecs est une aventure dans laquelle on ne se lance pas au hasard ! 

Causalité et chronologie

Tout joueur d’échecs apprend très vite la relation de cause à effet, car tout coup joué sur l’échiquier a des conséquences sur la suite de la partie. On ne revient jamais en arrière. Un coup apparemment anodin ou joué pour rien est souvent une perte de temps. Et la perte d’un temps sur l’échiquier est difficile à rattraper.

Toute partie d’échecs équilibrée passe par les mêmes phases de jeu successives : l’ouverture, le milieu de partie et la finale. Les coups se succèdent dans une chronologie implacable. Une partie d’échecs est à chaque fois une longue histoire.

Connaissances historiques et géopolitiques

Qui a inventé le jeu d’échecs ? Tout professeur a déjà dû répondre maintes fois à cette question posée par de nombreux enfants. La réponse est une longue histoire datant de plusieurs siècles.

Un bon professeur ou un joueur passionné saura raconter l’histoire des échecs, l’évolution du jeu et son arrivée jusqu’à nous dans sa forme actuelle. L’histoire des grands champions, originaires parfois de pays lointains, sera illustrée par des anecdotes. L’évocation des tournois célèbres et des championnats du monde joués en temps de paix, d’affrontements nationaux, de conflits mondiaux ou de guerre froide permettra à l’histoire des échecs de se mêler à la grande Histoire du monde.

En éveillant ainsi la curiosité des enfants, ceux-ci auront certainement plus de facilités à retenir les lieux et les dates. Les échecs contribueront alors indirectement à enrichir leurs connaissances et leur culture générale.

Créativité

L’imagination est une qualité primordiale pour un joueur d’échecs : elle permet de trouver des coups audacieux pour surprendre son adversaire. Les échecs développent le plaisir de la découverte, l’esprit d’invention, la recherche de l’esthétique logique et mécanique ainsi que l’esprit critique. 

Maîtrise du temps

Aux échecs, dès que les enfants abordent la compétition, il sont confrontés à la maîtrise du temps.

En effet, lors d’une partie de compétition, le recours à une pendule d’échecs permet d’assurer le même temps de jeu à chaque joueur et de limiter la durée de la partie.

La pendule fait alors prendre conscience aux enfants des secondes et des minutes qui s’écoulent. Le temps limité qui leur est accordé leur apprend la nécessité de jouer les coups dans un délai raisonnable. Non seulement il faut qu’ils sachent bien jouer, mais aussi qu’ils sachent gérer intelligemment leur réserve limitée de temps de réflexion. C’est une situation qu’ils retrouvent lors des contrôles ou des examens scolaires.

Intérêt pour l’apprentissage

Le jeu d’échecs est un mélange de disciplines sportives, scientifiques et artistiques. Et, s’il reste avant tout un jeu passionnant, il est en même temps un outil pédagogique merveilleux dans le domaine des mathématiques, de la logique, de la géométrie, de l’esthétique, de l’éthique, de l’histoire et de la géographie. Ce jeu millénaire est riche de cultures différentes et de grandes personnalités, champions, théoriciens, inventeurs et pédagogues.

Pour progresser, les enfants doivent assimiler de plus en plus de connaissances. Or, chaque victoire sur l’échiquier, chaque progrès sportif, leur démontre que l’assimilation de ces connaissances leur a été bénéfique, que ce soit la maîtrise d’une nouvelle ouverture, un schéma tactique ou un concept stratégique. Chaque progrès entraîne alors une nouvelle soif d’en apprendre davantage.

Valeurs du sport

La volonté de réussir, la joie de la victoire ou la peur de la défaite se retrouvent dans tous les sports. Et pour ceux qui en doutaient encore, les échecs sont un véritable sport ! (Les échecs sont reconnus par le Comité International Olympique (CIO). La Fédération Française des Échecs (FFE), qui comprend plus de 55 000 licenciés, a signé en mars 2022 un contrat de délégation avec le Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports !)

Le plaisir de la compétition, l’incitation au dépassement de soi, l’endurance, la gestion de son énergie, la préparation corporelle et mentale ainsi que la capacité à surmonter ses défaites sont des valeurs transmises par la pratique des échecs, tout comme le fair-play, le respect de l’adversaire ou l’esprit d’équipe.

Calme et maîtrise de soi

Un bon joueur d’échecs doit avoir confiance en lui. Mais la confiance en soi ne se retrouve pas naturellement chez tous les enfants. Elle fait partie des choses à apprendre.

Un bon coup ou une partie gagnée renforcent considérablement la confiance en soi. Les défaites, loin d’être dramatiques, doivent aider à progresser, à condition d’être bien guidé.

Un bon professeur, tel un coach sportif compétant, va chercher à valoriser l’enfant par la connaissance, l’aider à relativiser les enjeux, lui donner le plaisir de l’initiative, l’aider à gérer son stress, tenter de maîtriser son impulsivité en restant calme, patient mais pugnace. Évidemment, la confiance en soi est utile au quotidien !

Persévérance

Il arrive que le joueur d’échecs, particulièrement s’il est inexpérimenté ou hésitant, tente un coup. Parfois, ce coup est perdant. Après une défaite, il doit alors se relever. De retour devant l’échiquier, une nouvelle fois, il tente un coup qui peut encore une fois mener à la défaite. Il doit analyser sa partie, seul ou avec son professeur, pour apprendre de ses erreurs. Puis il gagne ! Cette attitude, si importante dans la vie, s’appelle la persévérance ! Elle est une qualité essentielle d’un bon joueur d’échecs.

Sociabilisation

Les joueurs d’échecs sont obligés de se plier à toutes les règles et exigences requises par le jeu. Ils apprennent ainsi le respect de l’autre, la politesse, la ponctualité, la droiture et le fair-play.  

Les échecs cultivent la mixité, sociale et générationnelle, et intègrent le handicap, en club et en compétition. Les joueurs ont de belles occasions d’enrichir leurs relations avec les autres. Chacun trouve du plaisir à échanger avec le groupe, à transmettre son savoir à celui qui l’ignore, en construisant un « esprit de club » ou un « esprit d’équipe ». 

« Le jeu d’échecs fait naître et fortifie en nous plusieurs qualités précieuses dans le cours de l’existence, telles que la prévoyance, la circonspection, la prudence, et la persévérance.« 

Benjamin Franklin (1706-1790), imprimeur, éditeur, écrivain, naturaliste, inventeur, abolitionniste et homme politique américain

Les bienfaits du jeu d’échecs pour tous

Chez tous les joueurs, pas seulement chez les enfants comme cela a été longuement développé ci-dessus, le jeu d’échecs développe la concentration, l’observation, l’analyse, la logique, la stratégie, la prise de décision et la maîtrise de soi. Ces qualités contribuent à la réussite, tant dans la vie personnelle que professionnelle.

Le jeu d’échecs est parfait pour s’améliorer

Lorsqu’on résout un exercice d’échecs, on se place exactement dans les mêmes conditions que dans bien d’autres situations qui demandent de la concentration : passer un examen, faire son travail au bureau ou même réfléchir à comment faire face à une panne de voiture ou une fuite d’eau à la maison ! Le fait d’être seul face à un problème que l’on doit résoudre oblige à tout mettre en œuvre pour réussir. Les compétences acquises grâce à la résolution d’exercices d’échecs sont très utiles dans d’autres situations de la vie courante ou professionnelle.

Pour résumer, on peut affirmer que le jeu d’échecs, en plus d’être un jeu, un sport ou même un art, est un formidable outil au service de l’apprentissage, de l’éducation, du développement et de l’épanouissement personnel.

Ce jeu va vous faire sortir de votre routine et vous ouvrir tout un monde nouveau !

Jean-Étienne Haeuser © 2022 Échiquier Club Créonnais


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JEH – Dernière mise à jour : 19/12/2023