Par Jean-Michel Labourdique
Dimanche, veille de tournoi
La Clausilie Romaine
Depuis 2000 ans, l’amphithéâtre romain de Nîmes abrite des bêtes à cornes. Non, on n’y a oublié aucun encierro de taureaux Miura. Simplement, un sympathique escargot à la coquille bizarre, la Clausilie Romaine, y broute discrètement les mousses et les lichens des gradins depuis deux millénaires.
Ce gentil gastéropode, amateur d’archéologie, n’existe que là et à Rome. On suppose qu’il est arrivé chez nous avec les maçons romains, au temps où Jules César était un petit garçon.
À Nîmes, il a entendu les triomphes de Johnny Halliday et les brindis de Rafael El Gallo, les pas de Guillaume Apollinaire, la voix de Frédéric Mistral. Il a entendu tout ça discrètement. Leucostigma candidescens aime l’ombre, l’humidité, la solitude. On ne l’a identifié qu’en 2009.
Les Nîmois sont fiers de leur petit escargot. Quand ils ont rénové les gradins antiques, ils n’ont pas touché aux vieux WC désaffectés. La Clausilie Romaine bénéficie désormais du biotope le plus exigu et le plus original du monde vivant : les gogues à jamais inutilisables des arènes de Nîmes.
Les joueurs d’échecs sont comme le petit escargot. Comme lui, ils vivent un peu en retrait du bruit de la fureur et de la vulgarité et cultivent l’amour du silence et de la beauté, qu’on la trouve dans la simplicité de l’amitié, les vieilles pierres, ou les plans d’attaque bien construits.
Comme lui, il est l’héritier d’un très vieux passé, et les architectes de ses palais s’appellent Philidor, Najdorf, ou Ruy Lopez.
Enfin, comme lui, il est le roi d’un tout petit biotope. Le sien,encore plus petit que les toilettes nîmoises, mesure les dimensions d’un carré de 64 cases, qui lui est pourtant un paradis immense.
Je lis tout ça à Wesley.
– Qu’est-ce qui te prend d’affirmer que j’aime la discrétion et le silence ? Dit-il, en enfonçant la touche « ON », et du rap français insupportable envahit soudain l’espace de la bagnole.
– Arrête ton char, je réponds, tu m’as avoué que tu sortais la nuit pour regarder les étoiles pendant des heures.
– Ouaip. En écoutant du Nekfeu. C’est un spectacle magnifique.
L’être humain est complexe, les futurs Carlsen.
– Tout ce que j’entreprends marche, Jean-Michel, c’est magnifique. Mon idée de faire un tirage au sort avec des petits papiers pour le Tournoi des Grands Maîtres a déchaîné l’enthousiasme, on a trouvé ça follement vintage. Et puis j’ai réussi mon examen de passage à la télé, des phrases courtes, sujet-verbe-complément, le style de César dans la Guerre des Gaules. Et puis, la coordination avec le corps arbitral et la mairie de Créon est parfaite.
Le Président a la pêche, les futurs Carlsen !
Jour 1
Ad Augusta per Augusta
Vers un but sublime par des voies étroites. C’est le mot de passe des conjurés qui cherchent à assassiner le roi d’Espagne dans Hernani de Victor Hugo. C’est aussi la devise du 29e Tournoi International d’Échecs de Créon. Un chantier pharaonique et une grue énorme barricadent aux trois quarts l’accès, déjà étroit, qui permet d’accéder à la salle de jeu. Comme les conjurés dans Hernani, nous assassinerons peut-être le roi adverse, mais après avoir rampé dans les gravats.
– Simple péripétie, a déclaré Wesley. Au festival de Cannes, l’important est ce qu’il se passe dans la salle de projection, pas dans le grand escalier. Et puis, un joueur d’échecs est un sportif. Il peut marcher cinq minutes au soleil.
– Et les non-voyants ? J’ai dit.
Wesley a ouvert les bras, de l’air de dire : Hier, j’ai pêché un brochet d’un mètre trente.
– La navette du club se faufile partout. Elle a largement la place.
J’ai considéré, pensif, la petite allée qui devait permettre la circulation de 200 joueurs.
– Le sergent Garcia sur un solex aurait du mal à passer.
– Le sergent Garcia ne joue pas aux échecs, a répliqué Wesley. Il poursuit Zorro. Tous les véhicules autorisés passeront, car je le veux. Un chef, ça cheffe.
Wesley a raison. Tous les véhicules autorisés ont pu passer. Un chef, ça cheffe.
Le soir venu, j’ai quitté la salle Ulli Senger le cœur serein. Tous les futurs Carlsen s’étaient bien battus. Leo avait arraché un match nul méritoire, Roi contre Roi. Match nul aussi pour Liam, après un pat malicieux. Gauthier est entré dans une finale de Tours avec deux pions d’avance : Victoire !Victoire aussi pour Éliote, grâce à la Française Variante d’Avance. Ceux à qui la victoire n’a pas souri se sont néanmoins bien battus.
Chez moi, j’ai réuni quelques amis joueurs qui me font l’honneur d’accepter mon hospitalité. Nous avons réfléchi sur un problème difficile, qui aurait laissé Ruy Lopez baba. Les cerveaux fumaient et j’avais vachement envie de cheffer.
– …a dit Laurent, du club Bayonne Adour Échecs, en écartant les bras,la mine triste.
– …a répondu Denis, de l’Aviron Bayonnais Échecs, en hochant la tête,conscient de la difficulté.
– …a conclu André-Paul, de l’Échiquier Arverne, en levant les yeux au ciel.
– C’est pourtant clair, j’ai dit. Si on fait la Sauce de Veau mardi soir, quand tous les invités arrivent, on peut prendre de la paella pour tout le monde mercredi matin, au marché, et garder le confit de canard pour la fin, samedi.
Un chef, ça cheffe.
Jour 2
Le Tétraodon et le Loup
Le tétraodon, c’est le poisson-globe, le fugu des Japonais. Il double son volume en cas de danger pour décourager son agresseur. Et ça marche !
Le loup, c’est le loup des Contes du Chat Perché de Marcel Aymé, qui cherche désespérément à entrer dans la ferme de Delphine et Marinette. Un jour, après avoir contemplé les vitraux de l’église du village, il conclut que pour avoir l’air bon, il suffit de prendre l’air égaré et de laisser pendre sa tête sur son épaule gauche. Et ça marche ! Le loup pénètre enfin le périmètre sacré.
Certains joueurs d’échecs jouent la défense Marcel Aymé. D’autres préfèrent la Tétraodon. Elles ont ceci de particulier qu’elles se jouent AVANT la partie.
Bernard est un fervent partisan de la Tétraodon. Il repère un adversaire impressionnable et annonce abruptement au gars terrorisé : « Toi, je vais te faire g4 ! » À ce moment, Bernard ne double pas son volume, mais il a les mêmes yeux que le tyrannosaure dans Jurassic Park.
Laurent, lui, joue la Marcel Aymé. S’il peut entraîner son futur adversaire à la buvette et lui tenir un discours amical autour d’une orangeade, le succès est assuré.
Aujourd’hui, le tétraodon a dû digérer un gros hors d’œuvre, un combat de 5h40, interminable mais haletant, qui s’est terminé par une nulle par répétition de coups. Bernard a serré la main de son adversaire valeureux, il est parti, puis il est revenu sur ses pas pour lui serrer à nouveau longuement la main. Quelle partie !
L’après-midi, le tétraodon n’était pas assoupi. Il semblait même que le combat précédent avait décuplé l’énergie du fauve. Un pion passé, après des préparatifs minutieux, a été envoyé à Dame dans une forêt de pièces adverses. Après l’abandon de son jeune adversaire, Bernard a très gentiment démonté devant lui le mécanisme de son offensive.
Laurent n’a pas démérité ce matin. Mais est-ce l’effet d’une alimentation trop riche en lipides ? Sa partie du matin n’a pas été récompensée. Par contre, son après-midi a été triomphant. Le pion passé de son adversaire a rapidement été effacé de l’échiquier, et Laurent « a ouvert le compteur ».
À 14 heures, je suis allé papoter avec les bénévoles de la buvette.
– La buvette, c’est une expérience radieuse d’amitié et de solidarité, a dit Laure.
– Oui, a dit Chrystelle, mais si tu la tiens sérieusement, ton repas de midi, tu fais une croix dessus !
– Pas aujourd’hui, a dit Aline, les gens font un effort pour ne pas arriver tous en même temps.
Mais, de l’avis unanime des filles, de Sébastien et de Patrice, les gens sont adorables. Il est question d’afficher la photo des plus adorables sur le mur derrière les bouteilles de vin. Attention ! La véritable compétition ne se déroulera peut-être plus dans la salle de jeu, mais sur ses murs !
Jour 3
Une absurdité magnifique
Que Homère ait existé, ça n’est pas sûr du tout, affirma un jour avec force un de mes professeurs. La seule chose dont on soit sûr, c’est qu’il était aveugle.
Nous étions fasciné par ce délire. Nous ne mouftions pas.
Aux échecs, comme autrefois au collège, la possibilité d’un monde fou mais jubilatoire vient miroiter devant nos yeux. Et si je poussais mon pion en f5 ? Au fond, on sait qu’il ne faut pas le faire, que c’est suicidaire. Mais on repense à ce vieux professeur de collège et on le fait malgré tout, parce qu’on a envie de commettre un acte déraisonnable et superbe.
À cause de cet accès de folie, j’ai sabordé une Sicilienne Rossolimo pourtant bien commencée. Les futurs Carlsen ont été beaucoup plus adultes. Leo a profité de la fatigue de son adversaire pour pousser une astucieuse fourchette Tour-Dame. Mani a profité d’une position ultra-fermée et très ennuyeuse pour obtenir une nulle qui a satisfait tout le monde. Quant à Éliote, il a expliqué sa victoire avec de la verve :
– J’ai utilisé une tactique de Malade !
– Laquelle, Éliote ?
– Cavalier prend !
La verve de Bernard Dubertrand a rendu le repas du soir inoubliable. Nous avons visité avec lui le cimetière cubain où repose José Raùl Capablanca, champion du monde des années 20. Sa pierre tombale est surmontée d’un Roi de jeu d’échecs en granit de trois mètres de haut. Nous avons assisté à la lecture d’un mémoire de thèse, qui résume le résumé du testament égaré de Tigran Petrossian, champion du monde des années 60. Enfin, nous avons longtemps discuté de Tresses, qui est pour les joueurs bayonnais, semble-t-il, ce qu’était New York pour les émigrants irlandais au temps de la grande famine.
Bienvenue en Gironde, Laurent !
Jour 4
L’Homme à la moto
Jamais il ne se coiffait
Jamais il ne se lavait
Du cambouis sous les ongles !
Et sur le biceps il avait
Un cœur tatoué à l’encre bleue sur sa peau blême
Et dedans on pouvait lire Maman je t’aime.
Comme tous les chefs-d’œuvre, la chanson de Édith Piaf est ambiguë. Un concentré de tragédie, ou un sommet du comique ?
Quelques ouvertures d’échecs sont comme ça. Par leur nom, elles revendiquent un côté clownesque : la Défense Orang-outang, la Défense Hippopotame, la Frankenstein-Dracula. Mais quand on les joue ou qu’on les affronte, on s’aperçoit parfois que le clown a fait Polytechnique !
Ce matin, j’ai fredonné in-petto la chanson de Piaf en voyant mon adversaire construire une Défense Hippopotame. Mes attaques se sont fracassées sur ce monstre. Il faut se méfier des hippopotames.
J’ai profité de ma défaite pour faire l’aquarelle de quelques joueurs et de Laure. Lecteur, soit indulgent ! Si j’avais vaincu l’Hippopotame, elles auraient été meilleures.
Les parties de l’après-midi sont anecdotiques. La vraie nouvelle, c’est le Défi.
Le Défi a été lancé ! Au basket 3×3 ! Il opposera demain aux Filles de la Buvette une sélection de joueurs du Lorioux ! Après la partie de l’après-midi !
– Vous n’allez pas exister, a dit Chrystelle en soupirant de pitié. En tout cas, n’oubliez pas votre Jouvence de l’Abbé Soury.
– La date de péremption de quelques joueurs est peut-être dépassée, ai-je courtoisement répliqué, mais c’est comme les yaourts : Plus ils sont anciens, plus ils sont dangereux.
– Je choisirai un ballon pas trop lourd et un terrain pas trop grand, a ajouté Chrystelle. Vous allez en parler à vos épouses ?
Une fois entre hommes, nous avons tenu un rapide Conseil de Guerre.
– Tout dépend de la partialité de l’arbitre, a dit Denis. Laurent serait parfait pour nous.
– Les parties de Laurent sont interminables, j’ai dit. Il n’aura pas fini, que le blitz aura déjà commencé.
– Il sera parfait ! a insisté Denis. L’essentiel est qu’il ne siffle pas trop les passages en force. Ou alors, qu’il laisse l’avantage, comme au rugby.
Nous avons arrêté de parler de tout ça quand nous avons vu Monsieur Pierlot. Lecteur, ses livres sont magnifiques !
Futurs Carlsen, le tournoi de Mannheim de 1914 est raconté avec tous les détails dans le tome 4. Mais surtout, les futurs Carlsen, prenez le temps de parler à Monsieur Pierlot avant d’entrer dans la salle de jeu. Vous ne le regretterez pas. Mais attention, vous oublierez peut-être même d’entrer dans la salle de jeu.
À demain !
Jour 5
Maximus, Général des légions du Nord
Maximus, c’est Gladiator, l’ennemi mortel de l’empereur Commode. À Créon, nous avons aussi notre Maxime et, au palmarès des exploits guerriers, il concurrence Russell Crowe. Maxime, 14 ans, revient d’un camp itinérant en Grèce. Pendant un mois, il a planté sa tente entre les incendies et il nous revient, affûté comme un couteau. Depuis le début du tournoi, il accumule les performances contre les joueurs de plus de 2000 Elo. Attention ! Maxime, comme Maximus, n’est pas invincible ! Mais dans la victoire comme dans la défaite, il montre le même fair-play et la même simplicité.
On est fier de toi, futur Carlsen !
Parlons maintenant de la véritable compétition inoubliable qui a eu lieu hier et marquera l’histoire du club. Elle a opposé, sur le terrain de basket à côté de la salle Ulli Senger, en 3×3, une sélection formidable des filles de la buvette aux Harlem Globe Pépères – André-Paul, Denis, Stéphane et moi – la Team inoubliable des Raoul Lorioux, dont la moitié des effectifs est née sous la IVe République.
En partant de la salle pour arriver aux terrains, les filles mêlées aux vétérans, j’avais l’impression enivrante d’être encore en seconde, entre Anne-Marie et Bernadette, quand les classes, pour le rugby ou l’athlétisme, entamaient une transhumance scolaire entre le lycée et le stade. C’était la même gentillesse et la même complicité.
Après la partie, les garçons, cartographes de l’Amitié, ont écrit sur le ballon, en guise de globe terrestre, les prénoms des filles, comme on nomme des pays : Emmeline, Laure, Chrystelle.
Quel match ! Toute la partie, Chrystelle a été un feu follet agressif et souriant, impossible à contrôler, et trouvant toujours un soutien. Comme dans les dessins de Franquin, j’étais comme le gorille qui essaie d’étreindre le Marsupilami.
J’ai surveillé Laure comme le lait sur le feu, pendant qu’elle pratiquait sur l’homme un marquage étroit. Mais alors, Lecteur, tu me diras : Si tu la surveillais de près, comment a-t-elle fait pour marquer tous les points de son équipe (sauf deux) ? Je l’expliquerai avec les mots de Montaigne : Parce que c’était elle, parce que c’était moi.
Emmeline a eu des courses virevoltantes parmi nous, parfois à travers nous, comme un skieur qui efface des piquets. Mais, après chacun de ses tirs, le ballon faisait blong blong blong sur l’anneau métallique, et tombait immanquablement à côté. À la fin, Emmeline ne regardait même plus jusqu’au bout, comme les pessimistes qui, quand ils renversent le plateau du petit-déjeuner, savent dès le départ que toutes les tartines tomberont côté confiture.
Le retour se fit par un bon vent frais, le même qui souffle sur le front des marins qui reviennent d’une course au large. Le pot que nous avons partagé à la buvette avait la fraîcheur d’un vin nouveau. Nous nous sommes séparés en nous disant combien nous comptions les uns pour les autres.
– Tu es toujours vivant ? m’a demandé ma femme quand je suis rentré.
C’est indiscutable.
Dernier jour
Clap de fin
C’est fini. Les rois, comme des Pharaons, ont été inhumés dans des sarcophages de carton et de toile, avec tous leurs sujets. Melissa et Denis ont démonté les pieds des tables avec la nostalgie des plagistes qui démontent les parasols à la fin de l’été. Le ballon de la partie historique, Lorioux contre filles de la buvette, a entamé son agonie d’étoile morte, sur une étagère.
C’est fini. Un Anglais a demandé un dernier Coca à Laure avec le même tremblement dans la voix que le petit garçon, la veille de l’entrée en sixième, qui dit au marchand de glace sur le promenoir de la plage à Biarritz : « S’il vous plaît je voudrais une glace ». Une Espagnole a demandé à Sébastien l’ultime ventrèche, avec la même boule dans la gorge. Emmeline a jeté dans la bassine bleue de la vaisselle le dernier verre consigné (enfin un panier réussi, bravo !)
C’est fini. Un duplicata de feuille de match, oublié, traînait sur le parking, un passant l’a ramassé, lu, comme on lit le testament d’un inconnu, puis coincé sous un essuie-glace, pour lui épargner l’infamie de la poubelle, pas tout de suite.
C’est fini. Devant la salle Ulli Senger, les conversations où l’on se rassemble ont été remplacées par les conversations où l’on s’en va. Bernard a déjà disparu, aspiré par le tournoi de Riscle. On parle de lui avec admiration, peut-être une pointe de jalousie. L’homme qui a, comme les marins, une Dame – blanche ou noire – dans chaque port.
C’est fini. Les dernières discussions s’épuisent, on ne parle plus de batailles terribles sur l’échiquier, quand les rois tombent comme John Wayne devant Fort Apache, les mains serrées sur les intestins, mais on parle des horaires des trains pour Nantes à la gare Saint-Jean. Hier encore, on hurlait : « Mais pourquoi je l’ai mis là, cette saleté de fou ? » Comme Napoléon hurlait à Sainte-Hélène : « Mais pourquoi j’ai fait confiance à Grouchy à Waterloo ? » Aujourd’hui, on cherche des gens pour covoiturer vers Mérignac, alors qu’hier encore, on cherchait des copains pour se raconter notre Guerre de Troie.
C’est fini. Wesley a oublié tout son rap. Quand il se croit seul, il fredonne une vieille chanson que Lucienne Delyle a chantée en 1955, sur la musique des Vacances de Monsieur Hulot : « Dans le vent de juillet, la mer effeuillait les vagues bleues des vacances, tadam ».
Mais ça va recommencer.
Déjà, les filles de la buvette ont pris date avec les Harlem Globe Pépères. En 2026, ça sera un autre match. Les vétérans, vous avez le temps de manger beaucoup de yaourts ! On prendra un ballon de filles, moins lourd, pas le gros truc qui a cassé le doigt d’Emmeline. Sur son étagère, le ballon ne disait rien, mais on voyait qu’il était content, l’étoile morte allait ressusciter, simplement la géante deviendrait naine.
Ça va recommencer. Sur le parking, comme à la fin du stage kayak à l’UCPA, des filles et des garçons ont échangé des adresses et des numéros de téléphone. Dans la salle, on a mis au point de savants échanges :
– Si tu viens au tournoi de Clermont, je t’héberge.
– Ouaip, mais il n’est pas impossible qu’on fasse un truc à Bayonne en Novembre.
Ça va recommencer. Nous boirons sous mon cerisier l’orangeade de l’Amitié. En attendant cette résurrection, nous préparerons ce printemps, nous lirons les mails des copains, nous entendrons la voix des amies et peut-être – un joueur d’échecs est toujours un peu passéiste – nous lirons leurs lettres.
À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !
Jean-Michel Labourdique