Louis Auribault, jeune Maître FIDE français âgé de 15 ans, licencié à Cannes Échecs et classé 2114 Elo, a décroché l’or ! Invaincu lors des 9 rondes, il a gagné son trophée avec 7 points, grâce à cinq victoires et quatre parties nulles.
Avec le même nombre de points acquis par six victoires, deux parties nulles et une défaite, le joueur espagnol Ibon Dominguez Expósito, âgé de 18 ans, 2201 Elo, est arrivé en deuxième position au départage.
Son compatriote Aritz Morante Rafael, classé 2161 Elo, monte sur la troisième marche du podium, grâce au départage entre cinq joueurs totalisant six points et demi.
105 joueurs ont participé au Tournoi Raoul Lorioux
Le podium du Tournoi Raoul Lorioux de Créon 2025
Le Tournoi Raoul Lorioux 2025 a été remporté par Elijah Grondin, licencié à l’Échiquier Albert Le Grand de Bordeaux. Le jeune joueur de 15 ans, classé 1701 Elo, a gagné huit parties et n’a concédé qu’une défaite, contre Jean-François Coant qui a terminé à la troisième place, et réalise ainsi une superbe performance.
Germain Cassé, jouant à l’ASPOM à Bordeaux et classé 1752 Elo, remporte le trophée d’argent avec sept points et demi.
Quant à Jean-François Coant, jouant également à l’ASPOM, vétéran fidèle du tournoi, il accède à la troisième marche du podium, comme l’année dernière !
Les prix n’étant pas cumulables, si un joueur pouvait prétendre à plusieurs prix, il lui a été attribué le prix le plus important, sauf pour les trophées du meilleur Créonnais.
Tournoi Principal (Elo > 1750)
Classement général : 1er prix : MF Louis AURIBAULT (FRA) 2e prix : Ibon DOMINGUEZ EXPÓSITO (ESP) 3e prix : Aritz MORANTE RAFAEL (ESP) 4e prix : Hugo PELEGRIN GOMEZ (ESP) 5e prix : Asal SALIMOVA (UZB) 6e prix : Roméo ESTADIEU (FRA) 7e prix : MF Pierre-Yves TOULZAC (FRA)
Catégorie Elo 1950-2099 : 1er prix : MIF Patricia LLANEZA VEGA (ESP) 2e prix : Yaroslav KHOROSHYKH (UKR) 3e prix : Nicolas PILTÉ (FRA)
Catégorie Elo < 1900 : 1er prix : Christian MALFRÉ (FRA) 2e prix : Varin NALLABOTULAH (USA) 3e prix : Maxime CHIAROTTO (FRA)
Prix Féminin : 1er prix : MFF Joana ROS ALONSO (ESP) 2e prix : MFF Graciela REDONDO (ESP)
Prix Vétérans : 1er prix : Alain HORELLOU (FRA) 2e prix : Serge BERARD (FRA)
Prix Michel Badie (Prix de l’Échiquier Club Créonnais) : 1er prix : Maxime CHIAROTTO (FRA) 2e prix : Fabrice LELEU (FRA)
Prix Jeunes : 1er cadet (U18) : Thomas BUSTOS-SALINAS (FRA) 1er minime (U16) : Axel PLARD (LUX) 1re benjamine (U14) : Levanah ALCANTARA (FRA) 1er pupille (U12) : Minh DOAN HOANG (FRA)
Tournoi Raoul Lorioux (Elo < 1800)
Classement général : 1er prix : Elijah GRONDIN (FRA) 2e prix : Germain CASSÉ (FRA) 3e prix : Jean-François COANT (FRA) 4e prix : Fabrice DETANOY (FRA)
Catégorie Elo 1550-1699 : 1er prix : Gaddiel RAJOELISOA (FRA) 2e prix : Oscar TORIL MURILLO (ESP) 3e prix : Baptiste CARNET (FRA)
Catégorie Elo < 1550 : 1er prix : Oier ECHAIDE OSCOZ (ESP) 2e prix : Benjamin FAURIE (USA) 3e prix : Patrice BONNEFOUX (FRA)
Prix Féminins : 1er prix : Anaëlle CARNET (FRA) 2e prix : Elora PONS (FRA)
Prix Vétérans : 1er prix : Philip NEATHERWAY (ENG) 2e prix : Philippe MULLER (FRA) 3e prix : Philippe TROQUEREAU (FRA) 4e prix : Jean-Pierre PERZ (FRA)
Prix Michel Badie (Prix de l’Échiquier Club Créonnais) : 1er prix : Fabrice DETANOY (FRA) 2e prix : Xavier GASCON (FRA)
Prix Jeunes : 1er benjamin (U14) : Valentin Julien LABOUYRIE (ESP) 2e benjamin (U14) : Cédric DE CHASTEIGNER (FRA) 3e benjamin (U14) : Gabriel LAFFARGUE (FRA) 1er pupille (U12) : Sacha JIBEAUX (FRA) 2e pupille (U12) : Khalil LAROUSSI (FRA) 3e pupille (U12) : Antonin NEUFCOUR (FRA) 1er poussin (U10) : Jules LASTOUILLAT (FRA) 2e poussin (U10) : Liam HUBY (FRA) 3e poussin (U10) : Naël LAROUSSI (FRA) 4e poussin (U10) : Arian ECHAIDE OSCOZ (ESP) 1er petit-poussin (U8) : Arthur RABETRANO (FRA) 2e petit-poussin (U8) : Samuel KIANG (FRA)
Résultats et classements du 29e Tournoi International d’Échecs de Créon 2025
Retrouvez d’un simple clic ci-dessous tous les résultats de chaque ronde du 29e Tournoi International d’Échecs de Créon 2025, ainsi que le classement. Find the all the results of every round of the 29th International Chess Tournament on Créon 2025, with just a click below, as well as the ranking.
C’était une belle nuit de Juillet. On donnait « Rigoletto » au festival d’opéra de Soustons. Après la représentation, je partageais une orangeade avec Rigoletto au bar de la salle de spectacles.
Jusqu’à mes 30 ans, je tenais l’opéra pour un truc de bourges, plutôt ridicule. Mais j’étais ingénieur de travaux publics, et on devait rénover les plafonds de l’opéra de Toulouse. Un beau matin, j’entre et je vois mes gars qui travaillent sans harnais de sécurité. Aussitôt, je pousse une gueulante de première, à faire trembler les vitres. Le directeur des chœurs de l’opéra de Toulouse passait à ce moment là : – Quelle belle voix, a-il lancé. Et voilà, j’avais mis les doigts, ou plutôt la langue, dans l’engrenage ! Un an après, je chantais Germon dans « la Traviata ».
Les échecs, c’est la même chose. Une rencontre humaine nous a jetés dans cette aventure magnifique. Pour Mathieu Cornette, champion de France, ce fut le directeur de son école primaire. Pour moi, ce furent Josiane Balbi et Yves Daudu qui, entre la plongée du matin et celle de l’après-midi, partageaient avec moi le seul échiquier de l’île Pomègue. Et, quand je croise Arthur en tournoi, comme aujourd’hui, je suis très flatté quand il me rappelle que le gars qui l’a confirmé dans sa vocation de joueur, c’est moi. J’avais alors superbement perdu ma partie devant le petit garçon qu’il était.
À la ronde 1, je n’ai eu que le temps de faire un signe amical à Arthur avant d’entamer une partie très disputée et mal finie. Non loin de moi, Ulysse a dû plier devant la Sicilienne du père de mon adversaire. Par contre, Maxime a fait fructifier ses deux pions d’avance, en échangeant intelligemment les pièces. Et Jean-Philippe, avec sa Dame et son Fou en batterie, a pu infliger le baiser de la mort au Roi adverse, prisonnier de son roque.
À la ronde 2, beaucoup ont perdu. Samuel, Jean-Philippe, Ulysse, moi… Mais, après un Gambit Dame refusé, Maxime a gagné et pris la tête du tournoi. Je suis allé fêter sa victoire au Bar des Citernes avec Wesley et nous avons bu une bonne orangeade. Wesley n’était pas venu jouer le matin pour, selon ses dires, « préserver une bonne qualité de sommeil ». E il débordait de vitalité. – Joue simple, tu gagneras, a-t-il dit. J’ai suivi son conseil à la ronde 3. Merci Wesley, tu avais raison.
Vendredi 30 mai 2025
Le Messerschmitt
C’était dans les années 80. Je fréquentais un club de plongée à Marseille.
– On va plonger sur l’épave du Messerschmitt, à -53 mètres, avait dit Michel. Ne faites pas les zozos avec les paliers de décompression !
Nous nous étions ennuyés comme des rats morts. À -53 mètres, la lumière du soleil n’arrive pas, et ce bout de ferraille guerrière baignait dans une vase privée de vie, à côté d’une bouteille de pastis. La remontée avait été interminable et soporifique.
Épave du Messerschmitt BF109 au large de l’Île du Planieren en Méditéranée
Pendant ce temps, les camarades restés en surface, en palmant simplement dans les calanques, avaient recensé par -30 centimètres des nudibranches magnifiques. Les nudibranches sont des starlettes multicolores et magnifiques de la mer !
Aux échecs, c’est la même chose. Le joueur peut suer sang et eau pour des résultats stériles. Et son camarade, à côté, verra un coup insouciant superbement récompensé.
Tel a été le cas ce matin. Maxime, après avoir dépensé des trésors d’ingéniosité, a dû se contenter d’une nulle qui n’a satisfait aucun des deux adversaires. Et, sur un autre échiquier, Samuel a joué avec le même bonheur jubilatoire et insouciant qu’un pâtissier qui fait une tarte aux pommes, et la victoire était au rendez-vous.
Samedi 31 mai 2025
Les Malvacées
Au XVIIIe siècle, le botaniste suédois Linné eut une idée originale : apparenter les plantes selon la ressemblance de leur système floral. C’est ainsi que le gigantesque baobab se retrouva proche parent de la petite fleur timide qu’est la mauve Et on est désormais obligé de les placer à la même table au repas de mariage de tatie Marie-José, la table de l’Ordre des Malvacées.
Aux échecs, c’est la même chose. On commence par une ouverture sanglante, votre adversaire joue un coup inattendu, et voilà obligé de transposer dans une ouverture pépère. La possibilité de cette transposition apparente alors deux ouvertures à priori aussi étrangères que la mauve et le baobab.
Les échecs, c’est la guerre, a-t-on dit. Eh bien, comme à l’armée, il est parfaitement possible de s’engager dans les commandos-marine, et de se retrouver le lendemain aux cuisines. Tout ça par la magie d’une transposition.
C’est ce qui m’est arrivé ce matin à la ronde 6. J’étais parti à l’abordage avec une Sicilienne. Mon adversaire m’a obligé à transposer. Je me suis alors retrouvé dans un truc gentillet qui ressemblait à une Anglaise, et il m’a eu à l’usure.
Pendant ce temps, Maxime gagnait grâce à une fourchette diabolique de son Cavalier. Samuel s’est magnifiquement battu avant de s’incliner. Wesley a gagné grâce à ce qu’il appelle « L’ouverture d’Emma », un Gambit Morra*, encore plus meurtrier que la « Pseudo-Rossolimo ». L’adversaire de Jean-Philippe a sacrifié une Tour dans un mouvement splendide qui a rendu toute défense impossible, mais Jean-Philippe a ferraillé jusqu’au bout.
L’après-midi, Wesley, après une méditation infructueuse de 25 minutes, a proposé la nulle, et l’a obtenue. Moi, j’ai conquis rapidement sur l’échiquier un empire immense, trop immense pour que je puisse le conserver. Et tout s’est effondré à la première contre-attaque. Samuel a gagné. Maxime a dû céder la qualité dès le début et sa défense s’est vite effritée. Ulysse et Jean-Philippe jouaient toujours quand je suis parti.
Dimanche 1er juin 2025
Juju
En 1955, Claude Lévi-Strauss termine son superbe livre Tristes Tropiques par une déclaration d’amour à son matou qui le regarde écrire. L’écrivain est heureux, « dans le clin d’oeil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque, qu’une entente involontaire permet parfois d’échanger avec un chat ».
« Regarde ton bureau… Quel bazar ! »
Ce soir, Juju, mon gouttière noir et blanc, me regarde refaire les parties de la veille, avec la même sérénité. – 1.e4 b6 2.c4 Fb7 3.Cc3 e6 4.Cf3 Fb4. Le début est correct, hein, Juju ? – Tu commences bien, mais après, ça part en sucette, répond Juju. Tu n’as pas de plan. – Comment, pas de plan ? Je prends l’espace ! – Non, tu t’étales, tu en mets partout, c’est différent. Regarde ton bureau, c’est la même chose, quel bazar ! Et jouer 13.Cd1, c’est minable.
Les autres Créonnais ont-ils un Juju chez eux pour analyser leur partie, ou font-ils confiance à la bête informatique ? Je ne sais pas. Pour conclure, voici quelques mots sur la dernière journée.
À la ronde 8, l’adversaire de Maxime a abandonné une Tour pour gagner un Cavalier et deux pions… Match nul pour finir, mais quelle belle partie ! Ulysse s’est courageusement battu dans une finale de Tours et de pions pleine de panache. La victoire n’était malheureusement pas au rendez-vous. Quant à moi, j’aurais dû me méfier du Corbeau qui m’a accueilli sur le parking, alors que d’habitude, sur les friches de la gare Saint-Jean, on ne voit jamais que des pigeons. Les messagers d’Odin sont rarement de bons présages. Après m’avoir hurlé un croassement indigné, il a pris son envol et m’a abandonné devant la salle de jeu où mon adversaire, très sympathique, m’a exécuté en peu de temps. Malgré son nom, K. Holin, ce n’était pas un géant aux pieds d’argile.
Après la ronde 9, c’est le moment de faire le bilan !
Wesley, Maxime et Jean-Philippe ont fait des parties magnifiques. Samuel et Ulysse ont encore montré leurs progrès, et on peut prévoir que bientôt ils battront leurs aînés. Mais tous, par leur sportivité et leur bonne humeur, on fait honneur au Club de Créon. Un grand merci à eux ! Et j’associe à ce merci tous les parents.
À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !
Jean-Michel Labourdique
55e Championnat de Bordeaux organisé par Bordeaux ASPOM Échecs du jeudi 29 mai au dimanche 1er juin 2025.
(*) Le Gambit Morra ou Gambit Smith-Morra est le nom d’une ouverture aux échecs. C’est un gambit des Blancs contre la Défense Sicilienne. Il s’obtient après les coups 1.e4 c5 2.d4 cxd4 3.c3. Cependant, on considère également que les coups 1.e4 c5 2.d4 cxd4, quel que soit le troisième coup joué, constitue déjà le Gambit Morra. Cette ouverture tient son nom des joueurs français Pierre Morra et américain Ken Smith. Les Blancs sacrifient un pion pour obtenir une avance de développement et de bonnes chances d’attaque. La compensation obtenue par les Blancs pour le pion d est le développement d’une pièce supplémentaire et d’un pion central après 4.Cxc3. Quant aux Noirs, ils bénéficient d’un avantage matériel et d’une majorité centrale. L’idée pour les Blancs est ensuite de placer leur Fou de cases blanches en c4 pour attaquer la case f7 naturellement faible. Puis ils tenteront de contrôler les colonnes c et d avec leur paire de Tours en tirant avantage de la difficulté des Noirs à trouver une bonne case pour leur Dame.
– Pourquoi tu ne mets pas le GPS ? a dit Eliote depuis le siège arrière. – J’ai horreur qu’on me dicte ma conduite, ai-je répondu. Par contre, lire une carte, c’est tout de suite l’aventure. Tu as trouvé Fourques-sur-Garonne, Leo ? – Non, a dit mon copilote, empêtré dans les kilomètres-carrés du « Gironde-Lot-et-Garonne » de Michelin, imprudemment dépliés. – La carte, ai-je dit, foisonne d’informations passionnantes. On peut même y trouver la déclinaison, l’angle qui différencie le nord magnétique du nord géographique. C’est très utile aux marins. – Pourquoi un navire viendrait-il dans le Lot-et-Garonne ? a dit l’un d’entre nous. Néanmoins, Leo a abandonné la recherche de Fourques pour la recherche de la déclinaison. Nous sommes cependant arrivés à l’heure à Fourques pour un tournoi magnifique.
De leur côté, les passagers du vaisseau spatial hyperconnecté de Pierre sont également arrivés dans les temps. Ainsi que les passagers de la voiture de Wesley, unanimement écœurés par le rap français aux paroles incompréhensibles qui fascine notre président.
Treize !
En comptant l’arbitre, notre copain Fred, nous étions treize ! Mais, sans faute d’orthographe, nous étions également neufs, car la fraternité magique des échecs nous rajeunissait. Et chaque ancien se sentait aussi adolescent que les collégiens qu’il accompagnait.
À la ronde 1, la dernière partie à finir fut celle de Maxime et Leo, avec un combat final d’une Dame contre deux Tours. La victoire revint à Maxime.
À la ronde 2, Emma a clôturé sa Sicilienne par une traque du Roi blanc qui s’est achevée par la mort du monarque au centre de l’échiquier. Pendant ce temps, Maxime, tout en exécutant Pierre, notait tranquillement ses coups, en partie rapide ! Gauthier, de son côté, a joué la variante Tarrasch de la Française, qui lui a donné la victoire.
À la ronde 3, Eliote a obtenu la nulle après une jolie Est-Indienne. Nulle aussi pour Wesley, face à Jean-Philippe, par triple répétition de la position.
À la pause de midi, Wesley a dit « trop de pâté tue le pâté », en mordant dans son sandwich. Emma a fait l’éloge des bergers australiens. Leo a prêté sa béquille pour récupérer le frisbee qui était sur le toit.
À la ronde 4, Leo a battu Luther en finale. Un petit pion de plus a fait la différence. Emma a placé un magnifique Cavalier-pieuvre en e4. Gauthier a accepté le gambit sur une Viennoise : Victoire !
À la ronde 5, Maxime a bien maîtrisé des échanges qui lui ont permis d’aborder la finale avec des pions invincibles.
Après la ronde 6, nous nous sommes tous regroupés au bord du canal latéral à la Garonne, où nous avons vu passer une énorme péniche, qui justifiait à elle seule l’existence de la déclinaison sur la carte du Lot-et-Garonne.
– C’est beau, l’eau qui coule, a dit Wesley, qui avait absolument besoin de faire le vide.
Retenons, à la ronde 7, la belle victoire de Luther, le roi de la fourchette, face à Eliote.
Le bilan
Wesley, vainqueur du tournoi ! Maxime, qui a battu de gros Elos, médaille de bronze ! Emma, meilleure féminine !
Quelques Créonnais heureux de leur journée !
Gauthier, pour terminer, a fait un bilan personnel que nous pouvons tous adopter, je crois : « Je suis déçu et content. Déçu par mes étourderies, content de mes belles parties ! » Il a raison.
À bientôt, les futurs Carlsen !Mangez des pâtes !
Quelques Créonnais heureux de leur journée !
Jean-Michel Labourdique
3e Rapide de l’Échiquier Marmandais – Dimanche 18 mai 2025
– Sacré tournoi, commenta Denis, en revenant au parking après la remise des prix.
– Ouaip, répondit laconiquement Laurent, dit « la Gattègne ».
Mes deux copains de l’Aviron Bayonnais, que j’héberge pendant l’Open de Saint-Macaire, ont raison. Sacré tournoi. Certainement le seul en France, où l’organisateur, notre ami Tristan, prend le temps entre deux rondes d’improviser, pour les joueurs d’échecs amoureux d’histoire et de géographie, la visite pédestre de sa petite ville magnifique. Le seul en France où les joueurs peuvent se régaler à la buvette des fameuses « tartes aux pommes ». Le seul enfin où les toilettes sont si rares, mais l’ambiance si cordiale, qu’on devise chaleureusement en faisant la queue, comme des supporters de rugby au guichet du stade… Bernard Dubertrand, de l’Échiquier Montois, a mis 46 minutes pour parcourir les deux étages qui mènent à la salle de jeu. À part quelques exceptions, les joueurs d’ échecs sont des orateurs, et chaque marche d’escalier leur est une tribune.
Je ne veux pas distinguer, au dernier soir de ces trois jours de compétition, qui furent les gagnants et les perdants. Tout le monde a gagné, car tout le monde a participé à cette belle fête de l’amitié. D’abord tous les joueurs copains du club : Loïc, Wesley, Fabrice, Maxime, Jean-Philippe, Quentin, Luther, Sylvain et Samuel, ainsi que leurs parents. Et tous ceux que la fraternité du sport nous a permis de connaître, telle Marie-Angélique Roselle, et tous ceux qui viendront jouer bientôt en compétition, tel Roger qui est venu à la remise des prix ! Et tous ceux qui auraient dû être là , comme Emma, mais on lui pardonne car le basket aussi est un sport magnifique.
En conclusion, je conterai une anecdote de ma jeunesse. Ma bande de copains avait proposé au patron du « Koskera », pendant les fêtes de Bayonne, de l’aider à monter sa terrasse. Le parasol gigantesque dont s’occupait Gilles s’était effondré dans une avalanche de vaisselle et de vin rouge. « Je suis désolé, je ne suis pas un manuel », avait dit Gilles debout au milieu du désastre, avec le ton que John Wayne utilise quand il affirme à Lee Marvin : « c’était mon steak, Valance ».
Un long silence se fit. Puis le patron, une louche de haricots tarbais à la main, répondit à Gilles : « Comme tu n’as pas une tête d’intellectuel, je me demande qui tu es ! ».
Il mettait le doigt sur une question primordiale, qui taraude l’humanité depuis la grotte de Lascaux. Qui suis-je ?
C’est la question que Beth Harmon, une ex-petite fille jetée dans un orphelinat par le hasard d’un accident de la route, essaie de résoudre grâce au jeu d’échecs, ce jeu où le hasard n’intervient pas. Le « Je » de la Dame. Et nous, futurs Carlsen, comme la championne du célèbre roman de Tavis, avec beaucoup d’amitié et de gaieté, nous nous tenons debout dans un monde de parasols effondrés.
À la question « Qui suis-je ? », nous savons quoi répondre : Nous sommes les meilleurs copains du monde.
À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !
Jean-Michel Labourdique
Open de Pâques de Saint-Macaire, du 19 au 21 avril 2025
« Quand l’équipe de Perpignan S’en va jouer à Montauban Elle l’emporte c’est évident Sur l’équipe de Montauban… »
Cette merveilleuse chanson des Frères Jacques peut être comprise comme une joyeuse ballade bien anodine. Elle peut être aussi entendue comme un hymne à la fraternité du sport qui tisse, à travers tous les Perpignan et les Montauban du monde, les liens de l’amitié.
Hier, nous rencontrions nos amis de Tresses, nos Perpignanais à nous et, comme le disait Corneille dans Horace, nous ne sommes qu’un sang et qu’un peuple en deux villes. Le peuple des pousseurs de bois ! Mais, copains ou pas, ça allait barder !
Aux échiquier 1 et 2, José et Jean-Guy ont terrassé Jean-Luc et Clément. Aux échiquiers 3 et 4, en compagnie de Samuel, je m’inclinais devant Victor et Octave. Faute de joueur disponible, notre échiquier 5 est resté vide. Mais ce furent quatre belles parties !
En guise de conclusion à cette saison, je proposerai au lecteur une anecdote de ma jeunesse.
Un soir d’été caniculaire, dans une pampa surchauffée, une troupe de théâtre donnait Macbeth en plein air.
L’orage, dantesque, éclata au moment où l’usurpateur, abandonné de tous, entamait son duel contre le prince d’Écosse. Les acteurs, héroïques, voulurent finir la pièce au milieu des éclairs qui pulvérisaient la sono. Alors les spectateurs décidèrent de ne pas laisser les comédiens seuls, et restèrent en tongs au milieu des flaques d’eau et des gigawatt-heures qui dégringolaient du ciel.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs, nous nous rassemblâmes. Tous les yeux étaient mouillés, pas seulement à cause du déluge, et personne n’était capable de faire des phrases trop longues.
– Vous avez Dieu comme metteur en scène, dit mon collègue Pascal. – Ouaip, sans doute, répondit Macbeth en allumant une cigarette. – C’est comme ça, résuma pensivement un garde du château. – Vous nous offrez un café ? demandais-je. – La cafetière a disjoncté, comme tout le reste, a dit Lady Macbeth dans le noir. Mais il doit rester de l’orangeade au bar.
Cette orangeade partagée dans une obscurité totale fut aussi euphorisante qu’un alcool fort.
Je ressens aujourd’hui, à la fin de cette longue saison de compétition interclubs en division Régionale, la même euphorie. Je suis attablé derrière la même orangeade, et je repense à toutes nos parties, aussi terrorisantes que les sorcières des landes d’Écosse, mais toutes exaltantes. Merci aux joueurs, si talentueux et sympathiques, et surtout, merci aux parents pour leur gentillesse et leur énergie !
À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !
Jean-Michel Labourdique Capitaine de l’équipe Échiquier Créonnais 5
Rencontre du 30/03/2025, Nouvelle-Aquitaine Régionale 1, Groupe 7 : Échiquier Créonnais 5 – Échiquier Tressois 4 : 2-3